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«Une réflexion est en cours», cette phrase toute faite quand la majorité ne sait pas répondre.

C’est devenu un refrain du maire et de ses adjoints, une mimique, pour ne pas dire un sauve-qui-peut quand je pose une question en conseil municipal d’Amiens et qu’ils n’ont pas de réponse.

« Où en êtes-vous dans l’installation de bornes de recharges pour les voitures électriques dans Amiens ? » «Une réflexion est en cours.»

«Avez-vous décidé d’enfin planter des arbres au bord des accotements des chemins ruraux pour lutter contre le réchauffement climatique ? Chaque automne qui passe est une saison perdue.» «Une réflexion est en cours.»

« Allez-vous refuser la location de vélos électriques aux livreurs professionnels ? «Une réflexion est en cours

« Allez-vous tenir votre promesse de campagne et rendre le bus gratuit aussi le mercredi ?» «Une réflexion financière est en cours»

Si cette réponse était rare, elle serait tout à fait acceptable. Personne ne pourrait exiger d’une mairie qu’elle soit sur tous les fronts en même temps, tant le nombre de sujets à traiter chaque jour est colossal.

Ce qui est préoccupant, c’est que cette réponse est aussi apportée quand il s’agit de projets structurants, bien souvent des rappels à leur programme municipal, celui pour lequel ils ont été élus en 2020. On pourrait comprendre que dans les premiers mois de leur mandat d’élus de la majorité, voire la première année, des réflexions sur la faisabilité technique, financière, et même politique soient à l’étude, pour trouver le bon moment, le bon axe de communication, la bonne méthode de participation démocratique le cas échéant… Mais cela n’est plus acceptable quand nous sommes trois années après l’élection, plus proche de la fin du mandat que de son début.

Si encore cette réponse m’était exclusivement réservée, pour me clouer le bec, pour ne pas me donner d’informations, on pourrait parler de petitesse politique, de mesquinerie politicienne, de combat d’opinions,… mais ce n’est même pas le motif.

Le motif est qu’ils ne sont pas sur ces sujets.

Le motif est que l’exécutif municipal est dans sa grande majorité déconnectée des préoccupations réelles de ses administrées. 

J’écris « Dans sa grande majorité » car j’estime que certains adjoints et vice-présidents de la métropole, plus impliqués que les autres, sont bien au fait des demandes des habitants mais ne font pas remonter les sujets jusqu’au sommet décisionnaire, la plupart du temps par peur de se voir envoyer promener dans les roses s’ils soulèvent un point. Je parle en connaissance de cause, cela m’est souvent arrivé dans le mandat 2014-2020. Ce fut d’ailleurs la raison principale pour laquelle je n’ai pas voulu rempiler avec la même équipe et ai constitué ma liste et me suis présenté à l’élection municipale de 2020. 

Dans un autre registre, le « une réflexion est en cours » est aussi très régulièrement répondu comme un joker par des adjoints sollicités par des citoyens. Je suis persuadé que les électeurs préfèrent qu’on leur dise clairement, en argumentant le choix, que leur demande ne sera pas considérée, ou mieux «nous n’avions pas avancé sur ce sujet et vous prions de nous en excuser ».

« Une réflexion est en cours » est aussi utilisé par la majorité quand un sujet est sensible et électoralement délicat.

« Allez-vous interdire les vélos rue des Trois Cailloux ? » « Une réflexion est en cours »

« Allez-vous supprimer les aides du CCAS pour les non-Français, demandeurs de papiers à la Préfecture de la Somme, afin de leur payer le timbre fiscal déclencheur de toutes les aides de l’Etat ? » « Une réflexion est en cours »

En général, ces sujets sont mis sous le tapis, et plus la prochaine élection municipale approche (début 2026), plus ils seront enfouis au plus loin, pour ne pas les traiter et déplaire à une partie des électeurs potentiels avant l’échéance électorale. Tout au mieux ces sujets seront traités en début de mandat suivant s’ils sont réélus. Tout au mieux…

« Une réflexion est en cours », c’est le symptôme des élus sans courage politique, ou à défaut, mais est-ce vraiment mieux, des élus qui n’ont pas anticipé, pas programmé, pas planifié.

Un commerçant bien connu sur la place amiénoise et en réussite depuis des années me disait à ce sujet, lui-même ayant essuyé un « une réflexion est en cours » :

« Dans le privé, si on devait réfléchir aussi longtemps avant de prendre des décisions, nous déposerions rapidement le bilan».

Cela résume bien la chose.