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Le « grand show… me » d’Hubert de Jenlis

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*Show me » signifie « regardez-moi »

Depuis qu’Hubert de Jenlis a récupéré l’écharpe tricolore en octobre dernier, un phénomène nouveau s’est installé dans le paysage médiatique amiénois : la sur-exposition systématique du nouveau maire dans tous les supports de communication d’Amiens et d’Amiens Métropole. JDA, réseaux sociaux institutionnels, sites web de la collectivité… partout, tout le temps, le visage d’Hubert de Jenlis s’affiche avec une régularité qui interroge.

Comprendre cette stratégie de communication

Cette omniprésence n’est pas le fruit du hasard. Elle révèle une stratégie réfléchie pour pallier un déficit de notoriété criant. Contrairement à Brigitte Fouré qui jouissait d’une reconnaissance naturelle après des décennies d’engagement local, Hubert de Jenlis était jusqu’à récemment un presque inconnu du grand public amiénois. Premier adjoint certes, mais dans l’ombre, sans véritable visibilité auprès de nos concitoyens.

Face à ce handicap, le cabinet de Brigitte Fouré qui est devenu celui d’Hubert de Jenlis a fait le choix d’utiliser massivement les outils institutionnels pour construire artificiellement une image publique. Chaque inauguration, chaque visite, chaque projet devient prétexte à des séries de photos où le maire pose, sourit, serre des mains, touche des épaules, et embrasse à n’en plus finir. Le Journal d’Amiens (JDA), financé par nos impôts, s’est transformé en véritable album photos personnel où Monsieur de Jenlis multiplie les apparitions. Une Pravda occidentale des temps modernes.

Détourner la communication institutionnelle à des fins personnelles

Cette dérive soulève des questions fondamentales sur l’usage des deniers publics. La communication institutionnelle a pour vocation d’informer les Amiénois sur les politiques publiques, les services municipaux, la vie de la cité. Elle ne doit pas servir à promouvoir un homme politique en vue d’échéances électorales futures.

Or, force est de constater que nous assistons à un détournement manifeste de cette mission. Le JDA, les comptes Facebook et Instagram d’Amiens Métropole sont devenus des outils de promotion personnelle d’Hubert de Jenlis. Chaque numéro, chaque publication met en scène le maire, souvent de manière disproportionnée par rapport à l’information délivrée. On constate ainsi des publications illustrées en moyenne de 5 photos, dont 3 sont cadrées sur M de Jenlis.

Cette instrumentalisation des moyens publics pose un problème d’équité démocratique. Pendant que Monsieur de Jenlis bénéficie d’une tribune gratuite et permanente financée par nos impôts, les autres forces politiques amiènoises doivent mobiliser leurs ressources propres pour se faire connaître. Cette inégalité de traitement fausse le débat public et prépare les conditions d’un scrutin déséquilibré.

Une stratégie de candidature non déclarée

Le plus troublant dans cette affaire réside dans le timing de cette sur-exposition médiatique calculée par Brigitte Fouré, toujours aux manettes mais de manière masquée. Hubert de Jenlis n’a toujours pas officialisé sa candidature aux municipales de 2026, alors que d’autres prétendants, comme moi-même, ont depuis longtemps annoncé leurs intentions. Cette discrétion calculée lui permet de continuer à exploiter les canaux institutionnels sans être formellement soumis aux règles qui encadrent la communication des candidats déclarés.

Cette stratégie du « secret de Polichinelle » n’abuse personne. Chacun sait qu’Hubert de Jenlis sera candidat. En retardant au maximum sa déclaration officielle, il espère pouvoir continuer à bénéficier de cette vitrine institutionnelle jusqu’aux derniers moments légalement possibles. Une fois candidat déclaré, la loi électorale lui imposera des contraintes strictes sur l’utilisation des moyens publics pour sa communication.

Cette tactique dilatoire relève d’un calcul politique cynique qui privilégie l’avantage personnel sur la transparence démocratique. Elle prive les Amiénois d’un débat équitable et loyal entre les différents projets qui s’offrent à eux.

Construire une alternative authentique pour Amiens

Face à cette dérive, nous devons rappeler que la communication publique appartient aux citoyens, pas aux ambitions personnelles des élus. Les moyens mis à disposition par la collectivité doivent servir l’intérêt général, informer objectivement, rendre compte de l’action municipale sans parti pris ni promotion personnelle.

D’autres villes ont su développer des chartes de communication éthiques qui garantissent la neutralité des supports institutionnels. À Strasbourg, à Lyon, à Bordeaux, des règles claires séparent la communication institutionnelle de la promotion politique des maires. Ces bonnes pratiques démontrent qu’il est possible de concilier information des citoyens et respect de l’égalité démocratique.

À Amiens, nous pourrions mettre en place un comité de déontologie de la communication publique, associant élus de l’opposition et représentants de la société civile. Cette instance veillerait au respect des principes de neutralité, d’équité et de bon usage des deniers publics. Elle pourrait également définir des règles précises sur la fréquence d’apparition des élus dans les supports municipaux et établir des critères objectifs pour mesurer l’équilibre de l’information.

Nous devrions également repenser la ligne éditoriale du Journal d’Amiens pour en faire un véritable outil d’information citoyenne plutôt qu’un support de communication politique. Cela passe par une diversification des intervenants, une place plus importante donnée aux initiatives citoyennes et associatives, et une couverture plus équilibrée de la vie politique locale incluant les voix de l’opposition constructive.

Restaurer la confiance démocratique

L’enjeu dépasse la seule question de la communication. Il s’agit de restaurer la confiance des Amiénois dans leurs institutions et de garantir des conditions équitables pour le débat démocratique. Nos concitoyens méritent mieux que cette instrumentalisation des outils publics à des fins électoralistes.

En tant qu’élu d’opposition, j’ai le devoir d’alerter sur ces dérives et de proposer des solutions concrètes. Avec l’équipe « Amiens au Cœur », nous nous engageons à remettre de la transparence et de l’éthique dans la gestion municipale. La communication publique doit redevenir ce qu’elle n’aurait jamais dû cesser d’être : un service aux citoyens, pas un tremplin électoral.

Cette situation révèle surtout l’inquiétude d’une majorité municipale qui sent le terrain lui échapper. Face à l’usure du pouvoir et aux défis non relevés de ces dernières années, la tentation est grande de compenser par une surenchère médiatique. Mais les Amiénois ne sont pas dupes : ils jugent les équipes municipales sur leurs actes, pas sur leurs photos.

Le temps des artifices et des shows permanents touche à sa fin.