Mes chers collègues du Conseil municipal, Mesdames et Messieurs les Amiénoises et Amiénois,
Mon premier message s’adresse à Brigitte Fouré. Permettez-moi tout d’abord de vous remercier pour vos nombreuses années de service dévoué aux Amiénois. Nous avons été tantôt des partenaires politiques de 2014 à 2019, puis nos chemins se sont séparés, et nous sommes depuis 2020 des adversaires. Cela arrive en politique comme cela arrive aussi en amitié ou en amour. Et dans l’un ou dans l’autre des cas, il est de bon ton de garder de nos histoires passées les meilleurs souvenirs. C’est à vos côtés que j’ai fait mes premiers pas en politique en 2013, et je garde le souvenir d’un engagement et d’une force de travail qui m’ont longtemps impressionnés.
Être maire est un sacerdoce et une mission que vous avez endossés en tant que femme, difficulté supplémentaire dans un monde encore très masculin. On entendait dire de vous que vous étiez une maire gentille et douce, bonhomme et souriante. Sans doute le fûtes vous aussi, mais ce n’est pas ainsi que je vous ai connue le plus souvent. Les sermons que vous saviez donner aux uns et aux autres de vos adjoints, moi y compris, dans la discrétion de votre bureau, rappelaient à qui les vivaient que dans le gant de velours, il y avait bien une main de fer. Il y a eu des belles années, des beaux projets, et puis il y a eu ce qui s’accroche à tant de personnes, souvent aux hommes et femmes politiques d’ailleurs, cette satanée envie de continuer coûte que coûte, cette impossibilité de raccrocher les gants au vestiaire, ce fichu mandat de trop, comme on dit.
Ce mandat de trop, c’est celui là, celui qui nous a mené à cette séquence politique. Celui qui nous a propulsés dans ce triste épisode que les Amiénois vivent en spectateurs désabusés.
En démissionnant en cours de mandat, vous avez rompu le pacte que vous aviez scellé avec vos électeurs et avec l’ensemble de la communauté amiénoise. Quand on se présente à une élection municipale, on signe un pacte moral avec les électeurs, l’engagement d’aller jusqu’au bout, contre vents et marées, pour le meilleur et pour le pire.
La seule excuse valable aurait été celle de l’empêchement médical pour lequel nous vous aurions absolument tous excusée. Par bonheur, et nous nous en réjouissons dans notre totalité, vous avez annoncé le lendemain de votre démission que vous étiez, je cite, « en parfaite santé ».
Au lieu de sortir par la grande porte, en finissant votre mandat tranquillement, sans tambour ni trompette, vous avez plutôt choisi d’emprunter la petite trappe politicienne, pour céder votre place à un autre, comme si on se filait les clés de la ville entre copains.
En France, notre tradition républicaine veut que ce soit le suffrage universel, et non la volonté d’un seul, qui décide de la succession à la tête d’une collectivité. Cette sortie est ratée et elle a crée de l’instabilité dans nos institutions locales, alors que dans ces périodes troublées, les Français et les Amiénois ont besoin de stabilité, pas de jeux du cirque.
Cependant, même si la sortie est ratée, je ne veux pas garder de vous cette image de maire du chaos, et comme je l’ai dit en début de mon propos, je n’oublierai pas les belles années. Les Amiénois, même s’ils sont à juste titre en colère après vous, se rappelleront aussi un jour que vous aviez aussi fait des choses bien en 10 ans de mandat. Peut-être même pouvez-vous espérer avoir, toute mesure égale par ailleurs, un destin à la Gilles de Robien. Aimé un temps, honni en fin de mandat, et parfois regretté par les plus anciens une fois rendu à l’anonymat de la retraite. Je vous le souhaite du fond du Coeur.
Je souhaite m’adresse maintenant à Hubert de Jenlis. Votre élection suscite déjà des regrets. Votre bilan en tant qu’adjoint à la sécurité n’a pas été à la hauteur des attentes des Amiénois. De plus, les circonstances de votre accession à la mairie, fruit d’un arrangement avec Brigitte Fouré, ne reflètent pas la noblesse que devrait incarner la politique locale. Et la noblesse dont je parle n’est pas celle du sang, mais celle de l’action et de l’intégrité au service du bien commun.
Vous avez été très mal élu ce soir, et êtes passés à deux doigts d’une sévère et honteuse déculottée. Au sein-même de votre famille politique élargie, vous n’avez pas réussi à vous imposer comme un leader incontesté.
En 18 mois, vous ne pourrez rien faire d’autre que finir le mandat de votre ex chef de groupe. Vous êtes de la même équipe, élus sous la même bannière en 2020, et endosserez son héritage et son bilan jusqu’à la fin du mandat.
C’est grace aux Républicains qui ont fait preuve de faiblesse ce soir, que votre court mandat commence.
Votre nouvelle fonction ne changera rien au sort actuel des Amiénois pris dans les embouteillages aux alentours de la Hotoie ou des les rues éventrées du quartier Sainte-Anne. Cela ne résoudra pas les difficultés économiques graves et angoissantes des commerçants et artisans qui croulent sous les charges et que les communistes, socialistes et autres élus du Nouveau Front Populaire voudraient achever à coups d’impôts et de taxes supplémentaires.
Cela ne changera rien non plus aux vitres cassées des voitures la nuit dans les rues d’Henriville (qui ne vous fait plus confiance non plus) ou aux belles boutiques de la zone piétonne qui se font remplacer par des supérettes et des destockeurs.
La consolation que nous avons ce soir est que par cette accession bancale au poste de maire, associé à 18 mois qui ne feront pas couler l’huile d’allégresse dans Amiens, vous venez inconsciemment de vous disqualifier pour 2026. Merci Brigitte.
Mon dernier message s’adresse aux Amiénois qui nous regardent et nous écoutent ce soir. Le triste spectacle auquel nous avons assisté ces derniers jours illustre parfaitement les dérives d’un système où les partis politiques, leurs appareils et leurs arrangements priment sur l’intérêt général.
Ces jeux d’appareils, ces luttes intestines entre formations politiques, ces arrangements en coulisses ne font que créer chaos et instabilité, alors que notre ville a besoin d’apaisement et d’harmonie.
Notre groupe, Amiens au Cœur, a fait le choix depuis sa création de s’affranchir de ces logiques partisanes qui paralysent notre ville. Nous portons une vision différente, celle d’une gouvernance locale libérée des carcans des partis politiques traditionnels.
En 2026, Amiens aura besoin d’un maire pleinement investi pour 6 ans, capable d’assumer simultanément la présidence de la Métropole, entouré non pas d’apparatchiks de partis, mais de femmes et d’hommes de talents, principalement issus de la société civile.
Dans les mois à venir, nous resterons fidèles à notre ligne de conduite : une opposition constructive, force de proposition, guidée uniquement par l’intérêt général des Amiénois.
Nous continuerons à aller à votre rencontre, à écouter vos préoccupations et à élaborer avec vous les solutions qui feront d’Amiens une ville plus dynamique, plus moderne, libérée des querelles partisanes qui l’étouffent.
L’avenir d’Amiens se construit dès aujourd’hui, loin des logiques de partis. Il nécessite une vision claire, un projet cohérent et une équipe compétente au service de tous les Amiénois. C’est cet engagement que je porte, avec Amiens au Cœur, pour le mandat 2026-2032.
Permettez-moi de conclure par une fable qui, je l’espère, nous permettra d’illustrer la situation que nous vivons ce soir, et de comprendre comment les jeux des partis politiques nuisent à Amiens
La Licorne d’Amiens et le Bal des Ambitieux
En la noble cité que la Somme arrose,
Où cathédrale et beffroi se reposent,
Se jouait en mairie un spectacle affligeant,
Où les fauves dansaient, de pouvoir assoiffés.
Dans l’hôtel de ville aux pierres séculaires,
Une Hyène régnante, lasse de sa charge,
Préparait en secret sa furtive décharge,
Riant des serments faits aux Amiénois naguère.
Un vieux Lion, rompu aux jeux de la tribune,
Observait en silence cette scène opportune.
Lui qui tant gouverna les terres d’alentour,
Se taisait, consentant à ces obscurs détours.
La Girouette, ivre de son ascension,
Paradait déjà, pleine de prétention :
« Voyez comme je danse au gré des alliances,
Pour mériter du trône la noble excellence ! »
« Hier avec le Lion, aujourd’hui la Hyène,
Demain, qui sait ? Je suivrai où le vent me mène.
Car pour régner sur Amiens et son or bleu sacré,
Tous les retournements me sont aisés ! »
Sur les branches les plus hautes du vieil hôtel,
Des Vautours à l’œil rouge, au plumage cruel,
Observaient le spectacle avec délectation,
Rêvant déjà d’une prochaine révolution.
« Laissons-les donc se perdre en leurs querelles vaines »,
Croassaient ces oiseaux aux doctrines anciennes,
« Plus ils se déchirent en leurs jeux décadents,
Plus notre heure viendra, rouge comme le temps. »
Mais la Licorne d’Amiens, âme du peuple fier,
S’éleva doucement de la place publique :
« Pendant qu’ils se disputent ton noble héritage,
Tes enfants, chaque jour, souffrent davantage. »
Quand les grands se disputent les clés de la cité,
Et que les vautours rouges rêvent d’autorité,
C’est le peuple uni qui détient la vérité
Et qui seul peut rendre à Amiens sa dignité
Le temps viendra bientôt des justes décisions,
Où le peuple-Licorne choisira son destin,
Non par les jeux obscurs des coalitions,
Mais par la voix des urnes, en citoyen souverain.
La vraie noblesse n’est point dans les arrangements,
Mais dans le service fidèle et les engagements.