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Si Brigitte Fouré n’a pas démissionné pour des raisons de santé, il s’agit alors d’une manoeuvre d’entre-soi qui bafoue les règles de notre République

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La récente démission de Brigitte Fouré de son poste de maire d’Amiens a créé une onde de choc dans la vie politique locale. Cette décision soulève de nombreuses questions sur la légitimité du processus de succession et sur le respect du mandat confié par les électeurs.

Comprendre l’importance du contrat moral entre un maire et ses administrés

Lorsqu’un citoyen se présente aux élections municipales et devient maire, il s’engage dans un véritable contrat moral avec ses administrés. Ce contrat implique d’aller jusqu’au bout du mandat qui lui a été confié par les électeurs. C’est un engagement fort, qui ne devrait être rompu que dans des circonstances exceptionnelles.

Les seules raisons valables d’une démission en cours de mandat

Dans mon esprit, seules deux raisons peuvent justifier la démission d’un maire en cours de mandat : des problèmes de santé graves ou une mise en examen judiciaire. Or, dans le cas de Brigitte Fouré, aucune de ces deux situations ne semble s’appliquer. Dans un entretien accordé au Courrier Picard, elle a elle-même déclaré « Je suis en parfaite santé » et je m’en réjouis. Quant à une éventuelle mise en examen, il n’en est nullement question.

Le choix des Amiénois remis en question

En 2020, les Amiénois ont voté pour des listes, avec l’attente légitime que la tête de liste devienne maire pour la durée du mandat. Cette donnée est désormais caduque. La décision de Mme Fouré de démissionner remet en question le choix initial des électeurs.

Comprendre le processus de succession du maire

Il est crucial de clarifier le processus légal de succession du maire. Contrairement à ce qui a été suggéré, ce n’est pas au maire sortant de désigner son successeur. Cette pratique s’apparenterait à un passage en force et serait contraire aux principes démocratiques qui régissent notre République.

Selon le Code général des collectivités territoriales, c’est le conseil municipal qui doit élire le nouveau maire parmi ses membres, dans les quinze jours suivant la démission effective. Cette élection se fait à la majorité absolue pour les deux premiers tours, et à la majorité relative si un troisième tour est nécessaire.

La tentative de Brigitte Fouré de préparer son successeur en le désignant publiquement apparaît comme un dévoiement du code électoral à des fins politiciennes. Cette manœuvre est d’autant plus contestable qu’elle semble vouloir court-circuiter le processus démocratique en place.

Si Brigitte Fouré n’a pas démissionné pour des raisons de santé, il s’agit alors d’une manoeuvre d’entre-soi qui bafoue les règles de notre République

Passé la surprise et parfois l’émotion, l’annonce de la démission de Brigitte Fouré de son poste de maire d’Amiens soulève des questions sur l’éthique politique et le respect du mandat confié par les électeurs. 

L’argument de l’âge avancé par Mme Fouré pour justifier sa démission ne tient pas. En 2020, lors de sa candidature, elle connaissait parfaitement son âge en 2026. Utiliser cet argument aujourd’hui revient à tromper la confiance que ses électeurs lui ont accordée.

La tentative de Mme Fouré de préparer sa succession en désignant publiquement son successeur est un affront à nos principes démocratiques. Le maire n’a pas le pouvoir de choisir qui lui succédera. La coutume monarchique et le fait du Prince n’existent plus en France depuis près de 250 ans. Cette décision appartient au conseil municipal, et in fine, aux citoyens d’Amiens. 

Cette manœuvre crée un précédent dangereux. Elle ouvre la porte à des pratiques où les maires pourraient démissionner à leur guise pour « propulser un poulain », transformant ainsi la mairie en un jeu de chaises musicales, au mépris de la volonté des électeurs.

Cette situation met en lumière une triste réalité : l’intérêt personnel semble primer sur l’intérêt général d’Amiens. Les projets en cours, les défis à relever, les attentes des Amiénois sont relégués au second plan au profit de carrières politiques.

Il est important de souligner que, quel que soit le nouveau « maire-administratif » choisi par le conseil municipal le 24 octobre prochain, il ne pourra pas changer fondamentalement la situation d’Amiens. Faisant partie de l’équipe actuelle, il sera contraint par un budget déjà voté et un programme qui ne peut être modifié jusqu’en 2026. Cette succession apparaît donc comme un simple changement de façade, sans réelle possibilité d’impulser une nouvelle dynamique pour notre ville.

De plus, l’éventualité de confier cette charge à l’adjoint de Brigitte Fouré en charge de la sécurité et de la tranquillité publique est particulièrement dérangeante. Avec un bilan déplorable sur cette thématique cruciale, ce choix est une double peine pour les Amiénois. Comment imaginer que celui qui n’a pas su gérer en 5 ans une thématique sera capable de gérer une ville entière ? Comment confier notre ville à celui qui a un bilan sécuritaire déplorable ? Comment aussi confier la fonction de maire à celui qui divise au sein de la majorité, Alain Gest n’ayant pas annoncé spontanément que le vote des Républicains irait sur Hubert de Jenlis ?

Brigitte Fouré, par cette décision qui n’est donc pas médicale, enfonce le clou de la crise de confiance. Les Amiénois méritent des élus qui respectent leurs engagements et qui placent l’intérêt de la ville au-dessus de toute considération personnelle et de tout stratagème.

Je fais confiance en la clairvoyance des Amiénois et compte sur leur patience. Les 18 mois nous séparent de l’élection de leur maire par le peuple souverain est proche.